Une nuit, la terre s'est endormie, Sous un manteau de neige tombée à gros flocons : Prés, chemins, maisons... sont blanchis D'un grand tapis moelleux qui s'étend jusqu'aux monts. Tous les canaux sont pris de glace Et les enfants joyeux se mettent à patiner. Parfois on aperçoit des traces Creusées dans la neige fraîche : des pas de sangliers, De leur excellent odorat Sous la neige épaisse, ils cherchent avec leur groin Châtaignes et glands, rien n'échappera... Car en janvier : la laie met bas ses marcassins. Jamais elle ne s'éloigne et veille Sur son nid de branches, caché, appelé chaudron, Là ses "petits rayés " sommeillent, Blottis l'un contre l'autre, attendant les mamelons. Certains chevreuils tentent une sortie Pour glaner dans les champs les restes des cultures, Et l'on entend au loin glapir Un couple de renards, insouciants dans leur rut. Essoufflés d'avoir tant couru, Les gosses rentrent à la maison près du feu de bois. Le soir, ils s'amusent les doigts nus, Sur les vitres givrées, à pousser les étoiles. |